Suis-je spasmophile ?

Anxiété, fatigue, palpitations, crampes… en raison de la variété des symptômes, le diagnostic et le traitement ne sont pas évidents. Des spécialistes vous aident à y voir plus clair. 15 % des Français sont spasmophiles.

C’est quoi la spasmophilie ?

La spasmophilie est définie, en France, comme un syndrome lié à une hyperexcitabilité neuromusculaire… Une définition un peu simpliste si l’on en juge par la multiplicité des symptômes. Et si sa fréquence est retrouvée dans les mêmes proportions dans la plupart des pays industrialisés, tant en Europe qu’aux Etats-Unis, elle n’est cependant pas considérée par tous les médecins comme une maladie à part entière. Pour de nombreux praticiens, le spasmophile se résume à un grand angoissé traité pour l’anxiété. Pour d’autres thérapeutes, cette vision des choses est réductrice. Eux préfèrent parler de « terrain spasmophile », qu’il convient de traiter de façon plus globale.

Un manque de magnésium ou de calcium

La difficulté du diagnostic réside dans la diversité des symptômes. Sans compter que ceux-ci varient dans le temps (fréquence, nature…). Les spécialistes sont néanmoins parvenus à proposer une classification des signes les plus courants.

La première catégorie regroupe : crampes, fourmillements, boule dans la gorge, crampes d’estomac, ballonnements, sifflements, bourdonnements d’oreille, douleurs articulaires, prémenstruelles ou des mâchoires.

La seconde : fatigue matinale, palpitations, oppressions dans la poitrine, troubles du sommeil, sensibilité à l’environnement (tout changement dans la vie des spasmophiles est vécu avec plus ou moins de difficultés).

Si l’on manifeste quatre des signes de la première catégorie et trois des signes de la seconde, il y a de fortes présomptions de spasmophilie.

Le dénominateur commun aux personnes spasmophiles est le déficit en magnésium et/ou en calcium retrouvé lors des examens biologiques. Des carences qui expliquent le déclenchement de crises de tétanie ou d’attaque de panique. Cependant, ce type de manifestations ne concerne pas la majorité des spasmophiles, puisqu’elles sont observées chez moins d’un tiers des patients.

Ces déficits s’expliquent soit par un apport insuffisant en calcium et en magnésium, soit par un défaut d’assimilation de ces minéraux par l’organisme. Le stress étant un facteur déclencheur essentiel des crises.

La confirmation de cette évaluation est donnée par les examens cliniques et sanguins habituels.

De l’homéo aux antidépresseurs

La prise en charge consiste à traiter, d’une part, les symptômes et à améliorer, d’autre part, le terrain par une cure de magnésium, pendant deux à trois mois, associé à la vitamine D et éventuellement à du calcium lorsqu’un déficit est trouvé.

Il est également possible d’associer à ce traitement des plantes sédatives (valériane, aubépine, passiflore, escholtzia, bigaradier, tilleul, lavande, mélisse…), reminéralisantes (prêle, fenugrec, ortie blanche) ou stimulantes (éleuthérocoque, ginseng…) afin de réguler l’humeur du patient.

L’oligothérapie ou l’homéopathie constituent des aides à long terme. Les profils de patients peuvent être opposés. Il y a les spasmophiles hyperactifs, ceux qui réagissent avec excès et font, le plus souvent, des crises de tétanie. Et les dystoniques, les personnes anxieuses qui ont des manifestations somatiques et sont davantage sujettes aux crises d’attaque de panique. Une personne spasmophile peut d’ailleurs connaître ces deux aspects successivement ou en même temps. Chez les premiers, on associe manganèse et phosphore. Chez les seconds, manganèse et cobalt. Quand il y a un terrain dépressif, on associe cuivre, or et argent. Enfin, pour apaiser l’inquiétude, le lithium.

Les antidépresseurs, en cas de signes de dépression. Ils n’entraînent pas d’accoutumance pour la plupart, contrairement aux anxiolytiques (benzodiazépines) souvent prescrits dans les états anxieux.

Il faut bien comprendre que les médicaments ne peuvent pas tout pour guérir – cette hyperémotivité, mais on peut, en revanche, apprendre à la maîtriser.

A l’instar de Catherine, 50 ans, spasmophile depuis l’âge de dix-sept ans :

 « Je vis avec ma fragilité, je ne pousse pas trop loin. Si je suis trop fatiguée, que j’ai des palpitations, une sensation d’oppression au niveau du cœur… c’est un signal d’alarme. Je sais reconnaître l’arrivée d’une crise et je la gère. De cette façon, je ne me laisse plus envahir par la panique, et ça, c’est plutôt rassurant. »

Respiration et diététique contre le stress

Un travail de psychothérapie peut être utile, mais cela ne suffit pas. Pour contrôler son émotivité, il faut associer des techniques ou des activités adaptées (respiration, sport, activités intellectuelles…) et une bonne hygiène de vie.

Le soutien de l’entourage est aussi important, surtout pour juguler les crises.

Apprenez à respirer davantage par le ventre, lentement et profondément. Evitez les stress inutiles, relativisez les événements. Pratiquez un sport pour évacuer le stress. Bougez à votre rythme, en vous adaptant progressivement à l’effort : marche tonique, jogging, vélo sur le plat, natation, golf, yoga… Surtout si vous avez plus de 50 ans, là où le cœur demande d’autant plus de surveillance.

La diététique est un élément clé. Il faut avoir une alimentation équilibrée la plus naturelle possible et faire des cures de magnésium deux à trois fois par an, en particulier lors des périodes de changement pour aider l’organisme à suivre le rythme. En dehors des cures, recherchez les aliments contenant du magnésium (céréales complètes, fruits secs, chocolat noir, fruits de mer…) et évitez d’intoxiquer l’organisme (alcool, tabac, café…).

Dans son traitement, le patient ne doit pas sous-estimer l’utilité de l’auto-observance. Pour s’aider lui-même et pour aider le médecin à adapter son traitement en fonction de l’évolution de la maladie.

Une maladie reconnue depuis 2003 (seulement)

En janvier 2003, la faculté de médecine et pharmacie de l’université de Bourgogne, à Dijon, a mis en place un diplôme universitaire « pathologies neuro-fonctionnelles, tétanie latente, spasmophilie, hypersensibilité » pour les médecins, pharmaciens et professions paramédicales. Aujourd’hui, on sait que ce syndrome n’est pas le fruit de l’imagination ou d’esprits hystériques, comme on l’a souvent entendu, Cette formation originale propose une prise en charge globale. Ainsi, les médecins ne traitent pas seulement les symptômes, ils prennent en compte l’hygiène, l’alimentation, les méthodes de gestion du stress, la psychologie, les médecines naturelles.

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